Solidarité numérique mondiale

Comment financer de la solidarité numérique mondiale ?

Je reviens de Genève où j'ai eu un entretien très riche avec Alain Clerc qui s'occupe du Fonds de Solidarité Numérique. Aujourd'hui, cette initiative est à son début. Les gens sont encore bien sceptiques. Encore un fonds de développement qui va se déliter au passage des frais de fonctionnement, des consultants, des billets d'avions, des hôtels de luxe et des commissionaires véreux ? Pas sûr. Pourquoi ? Parceque ce sujet n'est pas n'importe quel sujet. La solidarité numérique ça touche au changement de société et à la mondialisation. Les problématique de la faim, de la pauvreté, de l'accès à l'eau, etc.. sont récurentes et existeront toujours. Mais la question de l'ère informationnelle est nouvelle et transitoire. Elle touche plus profondément l'évolution mondiale et conditionne le développement de la planète. Internet est mondial malgré ses disparités, malgré la fracture numérique. Alors, permettre son développement est un enjeu pour tous, nord et sud, nord et nord, sud et sud (sans oublier l'est). Et puis la société de l'information, aujourd'hui, c'est un ensemble d'acteurs. Public, privé et société civile comme on dit. D'ailleurs, le 1er grand sommet mondial consacré au sujet en décembre dernier à Genève a rassemblé tout le monde, une première. Pourquoi ? parceque tous font l'Internet. Ce qui est un sacré bazar à organiser. On parle donc d'une "gouvernance" à mettre en place. Bon courage ! Par contre, le financement  du développement de l'Internet ne me paraît pas si compliqué car tous y ont intérêt. Comme dis le président Abdoulaye Wade, "père fondateur" de la solidarité numérique, c'est du "win-win". Car les euros ou les dollars mis dans la solidarité numérique par les pays riches "feront des petits" et alimenteront la machine. Un groupe de travail international existe sur le sujet. Je vais aller voir.

Bonjour,

Je commence ce blog après avoir longtemps hésité à utiliser ce média. Ce qui me motive aujourd'hui, c'est l'accentuation d'un sentiment qui m'anime depuis que je travaille dans le secteur dit de la "société de l'information". L'accentuation d'une fracture, le sentiment que nous marchons sur la tête et que nous gaspillons nos savoirs, aveuglés par la technique et qu'il y a urgence à mettre en place une solidarité numérique mondiale.

Dans les pays du nord, une double logique (industrielle et commerciale), l'emporte depuis longtemps sur l'intérêt des usages. Sur-saturrés d'information et en manque cruel de temps, les occidentaux sous-utilisent les outils et les technologies (qui pourtant ne cessent d'offrir de nouvelles fonctionnalités). Au sud, c'est un peu l'inverse mais les moyens manquent : 1% des utilisateurs d'Internet sont africains alors que ce média pourrait permettre à l'Afrique de se développer. Après avoir loupé la révolution agricole, industrielle, l'Afrique passe à côté de la révolution de l'information, ce qui la prive de nombreux atouts de développment (désenclavement, accès au savoir, prévention des risques...).

Aujourd'hui, après de nombreux colloques et les incantations politiques, va peut-être naître enfin le concept de solidarité numérique. Quant on voit la capacité des pays riches à réunir des milliards de dollars en quelques jours pour venir au secours de l'Asie en détresse, on peut penser que cette solidarité de crise pourrait se consolider ?Peut-être déclenchera t-elle une prise de conscience sur le long terme? La France parle de créer un SAMU international. Moi, j'imagine bien que l'Europe prenne le leadership sur cette question en disant : voilà, les américains veulent régirent le monde en intervenant militairement partout, et bien nous allons donner une alternative à cette politique sans issue. Nous allons inventer une armée de la solidarité, une coalition pour lutter contre la misère et l'ignorance. Par des systèmes de coopération, de libre contribution, la mise en place de fonds, par l'intervention de nos ONG, de nos militaires humanitaires, nous allons prouver l'urgence de solidarité, au delà des tsunamis naturels, pour prévenir un autre tsunami, celui de la violence, né de l'injustice et de la misère.

 Sans vouloir expliquer les choses de façon simpliste, il faut savoir que l'information, puiqu'il s'agit de ça sur ce blog, aurait sans doute pu sauver la vie de milliers de gens le 26 décembre dernier.

Etant concerné par le sujet, je souhaite amorcer une discussion sur le sujet en laissant chacun s'exprimer et donner des pistes de réflexion sur la question de la solidarité numérique mondial, en évitant la polémique inutile, la mise en avant narcissique de ses propres projets, et la langue de bois.

C'est le début d'une aventure

Jean Pouly

le 4 janvier 2005